Comment la Source m’a transformé (1) Le regard du chaton

J’ai 8 ans, pour mon anniversaire ma tante m’offre un livre sur les chats. Je vois la photo d’un chaton et son regard manifeste une innocence, une confiance, un abandon, un amour tellement immenses que je me sens bouleversé de la tête aux pieds.

Je pleure à grands sanglots, je suis inconsolable, ma mère et ma tante sont autour de moi, essayant de m’apaiser, se demandant ce qui m’arrive. Moi-même, du haut de mes 8 ans, je ne comprends pas vraiment et je suis encore moins capable de l’exprimer.

Avec le recul je sais que ce jour-là, j’ai entendu pour la première fois consciemment l’appel de la Source pour mon âme

Cette voix me lance, pas avec des mots, de cœur à cœur : « Laisse-toi aimer, viens vivre dans l’amour avec moi. En comparaison de ce que je te propose, toutes les joies, toutes les satisfactions, tous les plaisirs de ce monde sont insignifiants. Rien ne pourra te rendre aussi heureux ».

Mais le petit enfant que j’étais n’a pas su quoi faire de cet appel – comment aurait-il pu ?

Ce moment est pourtant resté gravé au fond de mon cœur. C’est un de mes rares souvenirs d’enfance et chaque fois que j’y repense, je sens de nouveau cet amour inconditionnel qui fait voler en éclats tous les cadres, toutes les représentations.

Mais la peur referme la porte et je m’égare loin de la chaleur de la Source.

Malgré cet appel intense, l’ado que je suis devenu a très peur de s’engager sur un chemin spirituel et je pars en courant dans d’autres directions.

Je le comprends : à l’époque je ne connais que le catholicisme et je suis imprégné de l’idée que si je veux vraiment « aimer Dieu », je dois devenir prêtre.

Tout mon être se rebelle à cette idée, car pour moi cela promet une triple souffrance :

  • Le célibat, alors que je n’ai aucune envie de renoncer aux relations avec les femmes. Trouver une petite amie est même une part importante de mes aspirations ! C’est, d’ailleurs, ce désir qui m’a sauvé de l’Opus Dei. Cette organisation extrêmement rigide m’attire à une période de mon adolescence pour son cadre très fort, mais elle exige le célibat…
  • La solitude affective, au-delà même de la question du célibat. J’ai été très marqué par l’intérieur de la maison d’un prêtre chez qui je me rendais pour des séances de catéchisme. Dans mes yeux d’ado, tout respirait la solitude, l’absence de joie et de plaisir, l’austérité mal vécue. J’ai encore dans les yeux l’image de son réfrigérateur : il contenait en tout et pour tout un quart de saucisson sec et une demi-plaquette de beurre. Cela vous paraitra peut-être dérisoire. Mais pour moi, habitué au frigo familial rempli de nourriture variée, c’était un symbole de solitude et de tristesse.
  • Le rejet par mon milieu. La plupart de mes amis rejettent toute idée de religion, c’est pour eux un sujet de plaisanterie et de dérision. Je ne veux pas être rejeté par eux et me retrouver isolé et moqué.

Quand j’écris cela aujourd’hui, je suis bien conscient que j’avais une vision déformée du chemin spirituel. Mais, à l’époque, personne autour de moi ne me dit que c’est d’abord un chemin de joie…

Je me laisse séduire par des mirages plus rassurants.

Je crois qu’ils vont m’apporter l’amour et la joie. Mais aucun ne répond à ce besoin profond que seule la Source peut combler.

Devenu un peu plus âgé, je me lance à corps perdu dans deux pistes différentes :

  • La recherche d’aventures (plus ou moins) amoureuses me conduit à faire du mal à d’autres et à moi-même. De toute manière, le caractère éphémère de ces relations ne répond en aucun cas à mon désir d’absolu.
  • La politique, que j’embrasse au début pour construire un monde meilleur. Mais je me retrouve vite dans une arène où tout tourne autour du pouvoir, de la méfiance, et des apparences. L’authenticité s’évapore et je me laisse piéger par le jeu du pouvoir.

Bref, je tombe les pieds dedans, très volontairement et avec bonheur (au départ…) dans deux des plus grandes illusions : la recherche du plaisir sensuel et celle du pouvoir.

Pendant ces années, je m’abîme et je ne fais pas de bien autour de moi. Je me referme sur moi-même. Mon plaisir, mon pouvoir, mon image : tout tourne autour de moi. Je veux me sentir séduisant, important. Je cherche à combler un vide – sans le savoir.

Aujourd’hui je comprends que j’ai suivi cette voie d’autant plus facilement que j’avais alors des croyances – très – erronées sur la vie et sur sa Source :

  • Dieu/la Source existe, mais c’est effrayant : si je ne suis pas un gentil garçon, je serai puni. De plus, il est très loin et n’intervient pas dans notre monde ou seulement de manière très exceptionnelle.
    • Je ne peux être heureux que si les circonstances extérieures de ma vie sont favorables : une compagne, de l’argent en abondance, un travail valorisant, un cadre de vie agréable, etc.
    • Je ne peux compter que sur moi-même pour obtenir tout cela.

J’ai 23 ans, la Source frappe de nouveau à la porte – et Elle insiste


En 1986, pendant un temps de prière, je suis transporté « ailleurs », dans un autre univers, une autre « dimension ». Je ne peux pas le décrire plus précisément. Je me trouve dans une sorte de vide, d’obscurité complète, de silence absolu, qui est en même temps un « espace » infini, sans limites.

Là, je vois et ressens la présence d’une « Énergie » de Lumière – je ne peux pas non plus la définir. Cette Entité, cet Être de Lumière me manifeste un amour absolu, totalement inconditionnel et infini. Je ressens son amour à l’intérieur de moi, il remplit chacune de mes cellules. Je sais que cela ne vient pas de moi. J’aurais été incapable d’imaginer un tel amour. Je n’aurais jamais cru pouvoir ressentir autant d’amour. Les mots ne peuvent pas traduire l’immensité et l’infinie pureté de cet amour inconditionnel.

Cette Entité, cette Énergie me montre qu’elle me donne tout son « être », toute sa « vie », par amour pour moi. Elle ne garde rien et me donne tout. Parce que je perçois que cet Être m’aime au point de me donner sa vie, je considère qu’il s’agit de Jésus. Cela correspond à mon contexte religieux de l’époque. Mais cela ne m’est pas « dit ».

Cette Énergie me montre que son amour est totalement gratuit.

Je n’ai pas à le mériter, je suis aimé tel que je suis.

Cet amour me transperce le cœur et je me mets à pleurer toutes les larmes de mon corps, comme lors de ma rencontre à l’âge de 8 ans. Je suis de nouveau bouleversé par ce don absolu, cet amour inconditionnel. L’absence totale de jugement et de toute idée de sanction me donne une confiance infinie envers cette Énergie.

Mon âme réalise que c’est de cet Amour qu’elle vient. Elle aspire de toutes ses forces à Le retrouver, à se plonger de nouveau dans cette Lumière. C’est sa maison, son foyer, qu’elle aperçoit et elle veut y retourner et y rester pour toujours.

Quelques semaines plus tard, pendant un autre moment de prière, je sens et « vois » de nouveau cette Lumière. Cette fois, elle n’est pas dirigée vers moi. C’est plutôt un immense champ d’énergie, inconditionnellement aimante. Ce champ s’étend à tout l’univers, bien au-delà de notre monde physique. Cet amour remplit tout, embrasse tout, contient tout ce qui existe.

Cette énergie d’amour est l’Univers dans son entier.

Elle dégage et crée une beauté inimaginable. Tout est parfait, beau, lumineux. Je comprends que, malgré les apparences, tout est dans les mains de la Source. L’Univers nous conduit – après bien des vies et des péripéties – vers une vie magnifique et heureuse.

Là encore, je me rends bien compte que les mots sont très imparfaits pour décrire ce que j’ai aperçu…

Encore quelques semaines plus tard, c’est la Joie qui vient à ma rencontre.

Un fleuve de Joie, comme une lumière dorée, pénètre en moi entre les sourcils, ce qu’on appelle le troisième œil. Cet immense courant de Joie me transperce de part en part, comme la foudre. Mais cette fois, c’est un peu trop fort pour moi et je n’arrive pas à m’ouvrir entièrement à ce courant.

La suite sera encore plus étonnante.

(à suivre)